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INFO HAITIENNE

FLASH EXPRESS

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Distribution d’armes par INITE dans le département du Centre, selon le coordonnateur du MPP/MPNKP, Chavannes Jean-Baptiste

Au moins 18 enfants de Maïssade armés

lundi 1er novembre 2010,

Radio Kiskeya

Le coordonnateur du Mouvement des Paysans de Papaye (MPP) et du Mouvement National Paysan du Congrès de Papaye (MPNKP), Chavannes Jean-Baptiste, a fait état samedi au micro de Radio Kiskeya, d’une vaste distribution d’armes effectuée à l’issue d’une rencontre des candidats de la plateforme gouvernementale INITE (Unité) mercredi dernier à Hinche (Centre).

Une distribution d’armes aurait été également effectuée dans la commune de Maïssade (toujours dans le Centre) par l’ex-député Willo Joseph, selon le leader paysan. Il précise que des membres du MPP dans cette commune ont dénombré au moins 18 enfants détenteurs d’armes à feu.

Exprimant des appréhensions sur les violences qui pourraient survenir à l’occasion des élections présidentielles et législatives prévues pour le 28 novembre, Chavannes Jean-Baptiste déplorent des incidents violents qui se sont déjà produits dans les communes de Maïssade et de Cerca-Carvajal et qui seraient l’œuvre, selon lui, de partisans de la plateforme officielle.

Interrogé sur l’appui que son mouvement a décidé d’apporter au candidat à la présidence de « Renmen Ayiti », Me Jean Henry Céant, et sur les implications de rapprochement éventuel avec l’ancien président Jena Bertrand Aristide dont de nombreux partisans supportent la même candidature, le coordonnateur du MP/MPNKP a précisé qu’il ne milite pas en faveur du retour de l’ancien chef d’Etat. Dans le même temps, il déclare ne pas s’opposer au retour au pays d’exilés politiques pourvu que ces derniers respectent la loi. M. Jean-Baptiste justifie enfin son soutien à Me Céant par la nécessité d’épauler un candidat qui puisse contribuer à déjouer le projet du président René Préval de garder le pouvoir.

A propos de la distribution d’armes, il faut rappeler que des révélations en ce sens avaient déjà été faites à la fois par l’ancien premier ministre Jacques Edouard Alexis (candidat à la présidence du Mouvement pour le Progrès d’Haïti, MPH) et la sénatrice du Centre, Mme Edmonde Supplice Beauzile. [jmd/Radio Kiskeya]

L’organisme de droits humains CARLI réclame des explications et des sanctions contre des policiers auteurs de "l’assassinat" à Port-au-Prince d’un jeune étudiant en Droit

La police avait revendiqué la légitime défense concernant cet incident

lundi 1er novembre 2010,

Radio Kiskeya

Le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) dénonce dans un communiqué en date du 29 octobre, « l’assassinat » par des policiers, le 18 octobre dernier à Port-au-Prince, du jeune Frantzy Duverseau (31 ans), étudiant en 4ème année à la Faculté de Droit de l’Université de Port-au-Prince.

L’organisme de droits humains précise que l’incident s’est produit en la résidence de la victime, à la rue Carmelot (Bois-Verna, à Port-au-Prince) au moment où la victime tentait de s’opposer à des actes de violence exercés par le conjoint de sa sœur Fabienne Duverseau, le nommé Enold Florestal.

A la requête de l’agresseur, « Les policiers, au nombre de quatre (4), arrivés sur les lieux à bord d’un véhicule immatriculé 1-147, ont tenté d’appréhender de force Frantzy Duverseau et d’autres membres de la famille. Devant la résistance de Frantzy Duverseau, l’un des policiers l’a alors froidement abattu », indique le CARLI.

Le secrétaire général de l’organisme de droits humains, Me Renan Hédouville, « exige des explications sur cet assassinat et demande aux autorités judiciaires de mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs de ce crime, conformément à la loi pénale et au respect du droit à la vie garanti par tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme ».

A rappeler qu’au lendemain du drame, le commissaire principal de la police de Port-au-Prince, Michel-Ange Gédéon, interrogé par Radio Kiskeya, avait soutenu que deux des policiers étaient blessés et qu’ils avaient réagi en légitime défense. Des parents de Frantzy Duverseau interrogés dans le même temps, avaient laissé entendre que ce dernier refusait d’être emmené au-delà de 6 heures p.m., heure limite fixée par la Constitution pour les arrestations nocturnes. Tout en niant toute agression contre les policiers, ils avaient tout aussi bien reconnu que le jeune Duverseau détenait une machette au moment où il a été abattu. [jmd/Radio Kiskeya]

Brésil : les défis qui attendent Dilma Rousseff

Pour Le Monde.fr | 01.11.10

Brillamment élue dimanche 31 octobre, première présidente de l'histoire du Brésil, Dilma Rousseff prendra ses fonctions pour quatre ans le 1er janvier 2011.

Choisie par le président Luiz Inacio Lula da Silva pour lui succéder, "Dilma", comme l'appellent les Brésiliens, a promis de garantir la "continuité" politique, diplomatique, économique et sociale de l'actuel gouvernement. C'est même cette promesse qui fut la clé de sa victoire.

Lula lui a légué, reconnaît-elle, un "héritage béni". Une croissance économique de plus de 7% cette année. Une pauvreté et un chômage en baisse. Des revenus à l'exportation, agricoles et miniers, en forte expansion, grâce notamment à la bonne tenue des cours mondiaux. Un épais coussin de devises de 250 milliards de dollars. Des promesses de richesse avec le pétrole et le gaz découverts dans les eaux très profondes de l'Atlantique. Un sentiment de bien-être d'une grande partie de la population qui peut dépenser et consommer plus. Et sur le plan politique, une forte majorité pro-gouvernementale au Parlement, qui lui permettra, si elle le souhaite, de réformer la Constitution.

Pays émergent doté de la huitième économie du monde, le Brésil reste aussi, par bien des aspects, une nation du tiers-monde. Lors de son premier discours de présidente-élue, dimanche soir, à Brasilia, Dilma Rousseff a réaffirmé son engagement fondamental : "éradiquer la misère", "en finir avec la faim".

Sous les huit ans de règne de Lula, la pauvreté a nettement reculé. Mais le pays compte encore 30 millions de personnes dans la misère, sur une population de 190 millions. Il manque 5 millions de logements. Un tiers des Brésiliens ne disposent pas du tout-à-l'égout et des conditions d'hygiène minimale. Les services de santé restent déficients et souvent trop chers.

ÉDUCATION MÉDIOCRE

L'éducation, véritable talon d'Achille du Brésil, demeure médiocre, notamment dans le primaire et le secondaire, et empêche de former la main d'œuvre qualifiée dont le pays a besoin en cette période de croissance. La violence urbaine est un fléau nourri par les trafics de drogue. De manière plus générale, le Brésil est, malgré Lula, l'une des sociétés les plus inégalitaires de la planète.

Lula a amélioré le sort des plus pauvres. Mais, contraint, pour gouverner, de conclure des compromis permanents avec les partis d'opposition, il n'a jamais eu les moyens ni la volonté de s'attaquer à la corruption, de combattre la bureaucratie, ou d'entamer une réforme politique du système passant notamment par le financement public des partis. Dilma pourra-t-elle faire mieux ?

Pendant son règne, la présidente devra aussi moderniser les infrastructures vétustes et saturées du pays (routes, aéroports, ports) pour accueillir le Mondial de football en 2014 et les jeux Olympiques de 2016.

Avant de prendre ses fonctions, Dilma espère que Lula règlera certains dossiers en souffrance dont l'un concerne directement la France : la modernisation de l'armée de l'air brésilienne. Lula confirmera-t-il son choix en faveur de l'avion Rafale, que fabrique le groupe Dassault ? En tout cas, Nicolas Sarkozy a été dimanche soir le premier chef d'Etat à féliciter "très chaleureusement" la nouvelle présidente en se réjouissant que la France et le Brésil soient des "partenaires privilégiés".

Jean-Pierre Langellier

"Les élections de mi-mandat devraient confirmer la profonde division du pays"

| 01.11.10

Justin Vaïsse, historien spécialiste des Etats-Unis, directeur de recherche à la Brookings Institution (Washington)

Ce qui rend l'Amérique de l'automne 2010 si difficile à déchiffrer, c'est qu'elle semble rejouer en même temps plusieurs morceaux de son histoire : la crise de 1929 et le New Deal, la réaction conservatrice des années 1970, ou encore la grande peur japonaise des années 1980. Les élections de mi-mandat devraient simplement confirmer la profonde division du pays sur le sens de la crise actuelle et les remèdes pour en sortir.

Lors de sa campagne présidentielle, Barack Obama s'était placé dans les pas de Franklin Roosevelt, démocrate providentiel redonnant espoir à l'Amérique avec le New Deal. Serions-nous alors, outre-Atlantique, en 1934 ? Après tout, l'administration Obama, comme l'administration Roosevelt avant elle, a relancé l'économie par la dépense publique, imposé de nouvelles règles aux banques, et fait adopter plusieurs lois sociales, dont la mise à niveau du système de santé.

Seulement, l'ampleur de ces réformes est loin d'atteindre le niveau du New Deal. Il restera des 787 milliards de dollars (566,6 milliards d'euros) de relance votés, en février 2009, la satisfaction bien abstraite d'avoir évité le pire, mais pas une remise à niveau des infrastructures du pays qui aurait pu, dans les transports et l'éducation notamment, soutenir la croissance potentielle de l'Amérique dans les années à venir. Après tout, même le président républicain Eisenhower avait fait mieux avec le lancement de l'ambitieux programme autoroutier de 1956.

Surtout, le pacte social américain n'a pas été refondu. La classe moyenne, qui a vu ses revenus stagner depuis trente ans malgré une croissance soutenue, se trouve encore plus fragilisée par la crise, sans perspective de rééquilibrage en sa faveur sur le long terme. En ce sens, peut-être l'Amérique a-t-elle "raté sa crise".

A moins qu'elle n'y soit pas encore pleinement rentrée. Roosevelt, après tout, est arrivé quatre ans après le krach de 1929, et il lui a fallu plusieurs années pour accomplir les réformes qui l'ont rendu célèbre. Si les Etats-Unis s'orientent, comme beaucoup le craignent, vers une double récession, peut-être ne sommes-nous finalement qu'en 1931, au seuil de transformations plus ambitieuses. Cela expliquerait aussi la principale contrainte qui pèse sur Obama : la culture politique du pays n'a pas changé sous l'effet de la crise. Les Américains continuent à considérer que l'intervention de l'Etat est dangereuse. Mieux encore : ils la rejettent de plus en plus. 50 % des Américains estimaient que l'Etat en faisait trop en 2008. Ils sont 58 % à le penser à présent. 38 % des Américains estimaient, au début de la crise, qu'il y avait trop de régulation de l'économie. Ils sont 49 % à l'automne 2010 (sondage Gallup).

Cette dernière évolution évoque une analogie historique toute différente. L'Amérique semble rejouer, en accéléré, la révolution conservatrice née dans les années 1970. L'activisme de l'administration Johnson, à travers les programmes de la Grande Société (guerre à la pauvreté et intégration des Noirs), avait déclenché une réaction de rejet au sein de la "majorité silencieuse" blanche, contre des dépenses sociales jugées inutiles et l'ingérence du gouvernement fédéral. Le mouvement conservateur s'est nourri de ce rejet et a porté au pouvoir des vagues républicaines successives : Ronald Reagan (1980), Newt Gingrich au Congrès (1994), George W. Bush (2000).

De la même façon, l'activisme de l'administration Obama au cours des deux dernières années a déclenché le mouvement de la Tea Party : refus de voir l'Etat fédéral dépenser et taxer toujours plus, volonté de retour à une Amérique de l'âge d'or, une Amérique individualiste et vertueuse où les honnêtes gens savent mieux que les élites de Washington ce qui est bon pour eux-mêmes et pour le pays. Le mouvement Tea Party , avant d'être une arme électorale - d'ailleurs à double tranchant - pour les républicains, apparaît comme le réflexe défensif d'une culture politique antiétatique dopée par quarante ans de rhétorique conservatrice et piquée au vif par la réponse d'Obama à la crise, qui peut pourtant paraître modeste.

Il est concevable que l'initiative privée et l'innovation suffisent, dans les années à venir, à sortir l'Amérique de l'ornière. Pourtant, le retard pris dans les infrastructures, les coupes sombres dans l'éducation supérieure ces derniers temps, et les défis de la mondialisation (énergie et climat, concurrence et délocalisations), semblent appeler une action de l'Etat plus stratégique pour assurer l'avenir. Et ce qui rend cette nécessité évidente, c'est le défi chinois.

Car il est un autre morceau de son histoire que l'Amérique semble rejouer cet automne : la grande phase de "Japan Bashing" des années 1980, cette psychose d'un déclassement économique par un pays en phase de rattrapage accéléré. La Chine est omniprésente dans les têtes comme dans les discours électoraux, parfois comme bouc émissaire. Mais, tandis que le choc consécutif au lancement du premier satellite Spoutnik par l'URSS, en 1957, avait conduit à une accélération du programme spatial et des dépenses fédérales de recherche (NASA et ARPA), ainsi qu'à un vaste programme éducatif et scientifique, et tandis que le défi japonais avait conduit à une réaction ferme contre le yen sous-évalué et à une restructuration de l'industrie automobile, rien de semblable ne semble se produire vis-à-vis de la Chine. L'administration hésite, risquant à terme une explosion de populisme protectionniste venu de la droite comme de la gauche.

L'Amérique des élections de mi-mandat 2010 apparaît ainsi prise entre plusieurs courants contradictoires. Et au moment où l'économie donne de nouveaux signes de faiblesse, son système politique s'oriente sans doute possible vers une phase de blocage conflictuel au cours des deux prochaines années. Reste à savoir si 2012 ressemblera à 1932, ou bien à 1980.

Chine : le porte-voix des bas fonds

| 01.11.10

Nicolas Truong (Le grand débat)

Après quinze tentatives, vous êtes enfin parvenu à quitter la Chine pour rejoindre Berlin, puis Paris, avant de retourner à Pékin. Quelles sont vos premières impressions d'Occident ?

A Berlin, j'ai tout de suite remarqué les traces du XXe siècle des extrêmes, du nazisme et du communisme. J'ai eu l'impression d'être à la croisée des chemins entre l'Est et l'Ouest. Ces marques de la mémoire et ces croisements de l'histoire contemporaine m'ont donné une bouffée d'adrénaline. A Paris, j'ai rencontré des amis opposants qui luttent comme moi pour les droits de l'homme et avec qui je ne peux jamais communiquer.

L'un d'entre eux m'a conduit vers les zones touristiques que visitent les Chinois à Paris. Ce qui m'a amusé, c'est que les Galeries Lafayette se traduisent en chinois par "le lieu du vieux Bouddha". Mais on est loin de la sagesse ! J'y ai vu des légions de Chinois envahir Paris... Des hordes de touristes, c'est mieux que l'Armée de libération populaire !

Votre image de l'Europe est-elle conforme à celle que vous vous étiez forgée dans votre pays ?

J'ai découvert l'écart entre ma représentation et la réalité que je découvrais. L'image que j'avais de Paris était avant tout littéraire. Paris, pour nous, c'était Balzac, Camus, Sartre, des références déjà bien éloignées.

Et puis j'avais également en tête l'image d'un Paris révolutionnaire, celui de Mai 68, ses slogans libertaires et ses barricades. Dans mon esprit, Paris était une ville très à gauche, subversive, exaltée. En arrivant, je me suis dit : tiens, Paris a vieilli !

Pourtant vous êtes arrivé en pleine contestation contre la réforme des retraites, un mouvement qui n'est toujours pas terminé...

Vous me confortez dans mes dires, car en Mai 68 les Français se battaient pour des idéaux alors qu'aujourd'hui ils défendent de petits intérêts !

Comment expliquez-vous que vous ayez pu enfin quitter la Chine ?

J'ai reçu la visite d'un émissaire d'Angela Merkel, car l'Allemagne entretient d'étroites relations culturelles avec la Chine. Il est venu me transmettre les salutations de la chancelière, sachant que je cherchais à venir en Allemagne, notamment afin de participer à des rencontres littéraires et musicales.

J'avais préparé un cadeau destiné à Angela Merkel, un DVD piraté de La Vie des autres (2006), le film de Florian Henckel von Donnersmarck qui met en scène le travail de renseignement et les tourments d'un agent de la Stasi, et dont la pochette était joliment dessinée par un artiste chinois représentant l'espion avec des écouteurs sur les oreilles.

Cela fut un déclic et Mme Merkel obtint que je sois autorisé à quitter mon pays pour la première fois de ma vie. Les journalistes allemands en ont d'ailleurs profité pour ironiser sur la contrefaçon chinoise et l'acceptation par la chancelière d'un produit de contrebande !

Lors de sa dernière visite en Chine, Angela Merkel a négocié à peu près 4 milliards de dollars (2,88 milliards d'euros) de contrats. Je pense que cette tractation a évidemment pesé dans cette autorisation.

Comment avez-vous appris et pris l'annonce de l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, le 8 octobre ?

J'étais sur le point de me rendre à la Foire du livre de Francfort lorsque j'ai appris cette extraordinaire nouvelle. Et je me suis dit : quelle bombe aurait-elle été si elle était advenue il y a un an, lorsqu'une délégation de 1 500 officiels chinois y était invitée, dont 130 écrivains agréés par le Parti communiste chinois (PCC), reçus avec tapis rouge et petits plats dans les grands.

Cette année, j'étais bien isolé, mais ravi, assurément. Quelques rares livres traduits du chinois étaient posés sur de pauvres stands éclairés par des néons, avec des fonctionnaires qui somnolaient. Chez nous, cet éclairage est utilisé pour les rayons d'alimentation, les poulets, les légumes ou les œufs et je me suis dit qu'une lumière chaude aurait davantage mis en valeur ces ouvrages, qu'elle aurait été plus appropriée.

La récompense de Liu Xiaobo, je la considère autant comme un prix remis à un dissident qu'à un écrivain. C'est pour moi autant un prix Nobel de la paix qu'un prix Nobel de littérature.

Mis à part le réconfort moral que peut apporter la remise du prix Nobel à votre ami Liu Xiaobo et à ceux qui se battent pour les droits de l'homme, quels effets politiques pourrait-il avoir sur le PCC ?

Je ne suis pas un politique, et les informations parcellaires dont je dispose me rendent assez peu capable de produire une analyse sur les arcanes du PCC. Mais je dirais que ce prix est une reconnaissance pour tous ceux qui, depuis des années, se battent pour plus de liberté dans le silence et l'indifférence générale pour faire connaître la situation des droits de l'homme, l'urgence de réformes politiques. C'est un peu comme si le rideau, tout d'un coup, se déchirait.

Le développement de la Chine n'est-il pas devenu un obstacle à la dénonciation du non-respect des libertés politiques par les démocraties qui entretiennent des relations commerciales avec l'empire du Milieu ?

Pour comprendre cette situation, il faut partir de 1989, date de la révolution démocratique et des manifestations de la place Tiananmen. C'est le tournant de l'histoire contemporaine de la Chine qui a bouleversé nos vies. Après ces événements, Liu Xiaobo n'était plus professeur de littérature comparée, mais dissident. Je n'étais plus poète, mais opposant.

Le réalisateur de reportages Su Xiaokang, dont le documentaire sur la civilisation chinoise L'Elégie du Fleuve, diffusé au printemps 1989, a été l'un des éléments déclencheurs des grandes manifestations sur la place Tiananmen en avril 1989, lui, s'est exilé.

Parmi ces vétérans, il y a ceux, nombreux, qui ont fait leurs adieux à la révolution démocratique, et puis les rares qui ont continué et essayé de la faire vivre et de la prolonger, puisqu'ils étaient, comme Liu Xiaobo et moi, marqués au fer rouge de la dissidence.

De leur côté, les sinologues ont fait des choix similaires. La plupart ont pactisé avec le régime pour continuer à obtenir leurs visas, quelques rares n'ont cessé de s'y opposer, au risque de ne pouvoir se rendre en Chine et travailler sur leur terrain de prédilection.

Ces sinologues ont-ils, selon vous, contribué à masquer la situation des droits fondamentaux en Chine ?

La plupart des sinologues du monde entier ont joué un rôle néfaste dans la compréhension de la Chine dans le reste du monde, n'insistant que sur le "formidable développement économique" de cette puissance.

Le sommet du déshonneur a été pour moi atteint à la Foire du livre de Francfort qui, en 2009, a reçu tous les officiels en empêchant les écrivains non soumis et alignés de s'exprimer. Certains sont certes devenus des docteurs d'Etat, des académiciens, des fonctionnaires du pouvoir, mais ils sont sortis de l'Histoire. Les sinologues dominants ont érigé une muraille d'opacité entre la réalité de la Chine et la fiction qu'ils réservent à l'étranger.

Comment expliquez-vous le silence des écrivains exilés, tels Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature, qui vit en France ?

Cela n'a pas d'importance... Mais si le prix Nobel de la paix ou de littérature avait été attribué à un Français, je suis sûr qu'il aurait fait un commentaire positif.

Liu Xiaobo admire votre littérature, mais également votre courage civique, politique et physique car vous avez enduré quatre années de prison et de tortures répétées. Il considère parfois qu'il a été un prisonnier "VIP" alors que vous avez été particulièrement maltraité...

La prison est dure pour tout le monde. Mais elle a été mon école de littérature. Imaginez que j'aurais pu devenir comme tous ces écrivains chinois reçus à la Foire de Francfort. Avant 1989, j'étais un poète, j'étais insouciant, mais je ne comprenais rien à la vie, je buvais, je draguais, je profitais de toutes ses possibilités et jouissances. En prison, j'ai rencontré des contrebandiers, des trafiquants de drogue ou des proxénètes. J'ai entendu des histoires sordides. Mais au final, elles étaient très intéressantes car elles me révélaient mon pays.

Après la prison, j'ai rejoint les bas-fonds. Je suis devenu clochard. Après deux ans de vagabondage, j'ai pris conscience de l'importance de ce savoir que me transmettaient les paumés que j'avais rencontrés. C'est ça qui a changé mon style d'écriture. Mon côté romantique de poète s'est, depuis lors, évaporé. Depuis vingt ans, j'ai écrit plus de 300 histoires de ce genre. J'insiste sur ce point, mes cours de littérature proviennent des bas-fonds.

De "L'Empire des bas-fonds" (2003) à "Quand la terre s'est ouverte au Sichuan" (2010), vous ne cessez de décrire cet enfer dantesque, cette comédie humaine non pas écrite par Balzac mais par un Zola, un Orwell chinois. Y a-t-il des types sociaux caractéristiques de cette comédie humaine ?

Je dirais qu'il y a deux grandes catégories de figures du petit peuple. La première vit dans la souffrance car elle subit les sévices, l'autre est plongée dans la honte. L'histoire de la Chine est dans un cercle vicieux, parce que pour sortir de la misère, il vous faut devenir sans vergogne - et commettre le vol, le viol ou pratiquer la prostitution -, et donc vous augmentez la souffrance ambiante.

Du fond de ma prison, j'ai oublié ma posture d'écrivain et de prisonnier politique car seule la survie prime. Mais cette carapace m'a aidé. Nous autres intellectuels pouvons utiliser notre plume ou notre notoriété pour subsister.

Les gens de peu sont bloqués dans leur misère, sans véritables moyens d'expression, car il n'y a jamais eu de passerelle entre l'élite et les bas-fonds, même si Internet est en train de changer quelque peu les choses. J'essaye de mon côté d'être leur porte-voix.

Pourquoi avez-vous cessé d'écrire de la poésie après vos années de prison ? En Occident, il y a au moins deux attitudes, sur le plan éthique et poétique face à l'horreur. Celle qui considère qu'écrire un poème après une tragédie est indécent, et celle selon laquelle la poésie doit pouvoir continuer à écrire le désastre. Où vous situez-vous ?

Je comprends bien ce dilemme, cet écartèlement. Le problème est pour moi moins éthique que pratique : je suis à présent pris au piège par mon personnage devenu un quasi-pseudonyme, "Lao Wei", à qui l'on vient raconter de plus en plus d'histoires. Je n'ai plus le temps d'écrire ou de faire autre chose. Quand j'entends toutes ces histoires, je me dis que la littérature n'est jamais à la hauteur de la réalité. Comment un poète pourrait-il décrire pareille descente aux enfers ?

Quelles sont les histoires qui vous ont le plus frappé ?

En général, c'est toujours la dernière histoire que l'on m'a racontée qui me frappe. Cependant, je me souviens d'un récit particulièrement atroce. Un homme m'a un jour parlé de ses premiers pas lors de la réforme agraire, en 1950. Il était bébé et avait réussi à sortir seul de la maison de ses parents afin de rejoindre un champ puis de ramper vers une haie de ronces, le jour même où sa mère se pendit et son père fut fusillé. Une paysanne prise de compassion l'a adopté alors qu'il était fils de propriétaires terriens et promis à l'abandon ou à la mort...

Cet automne, juste avant de quitter la Chine pour aller en Europe, un patron de restaurant en pleine faillite m'a raconté ses déboires. En me racontant ses malheurs, il m'a expliqué les secrets de fabrication de l'huile frelatée, davantage composée d'huile de vidange que d'huile végétale, qu'il utilisait dans ses cuisines. Mais ce qui m'a horrifié, c'est qu'il ne m'aurait pas dit cela s'il n'avait pas fait faillite !

On en apprend tous les jours... Et je viens récemment de m'apercevoir qu'un poisson très prisé à Chengdu a été nourri avec de la fiente de poulet puis, à présent, avec de la matière fécale humaine. Mais on ne dit pas cela aux visiteurs occidentaux venus y faire des affaires.

Comment comprenez-vous la fascination pour le développement de la Chine ?

La Chine vit dans une bulle spéculative très bien déguisée. Ceux qui en ont le plus profité sont ceux qui ont le plus placé d'argent à l'étranger et qui sauront partir lorsque le système explosera. Ils préfèrent naturellement tirer les bénéfices de cette bulle plutôt que la faire connaître et continuer à propager l'idée de grands succès économiques. Or tout le système est basé sur une escroquerie.

Prenons l'immobilier, par exemple. Le ciment, les parpaings ou l'acier sont de très mauvaise qualité. D'ici douze, quatorze ans, tout cela va s'effondrer, au sens propre comme au figuré. Mais les spéculateurs couleront leurs vieux jours sur la Riviera ou à Vancouver. Si, un jour, je devais me retrouver en exil, je ne voudrais certainement pas les avoir comme voisins !

L'exil, vous y pensez ?

Non, je souhaite rester en Chine, je veux demeurer sur mon terreau créateur. Et puis, j'ai envie de faire ce métier, j'en suis fier. Mon travail, c'est d'être un témoin, un scribe de l'histoire. C'est l'une des plus belles traditions de la Chine. Je cherche modestement à marcher sur les pas de l'un des plus grands historiens de la dynastie des Han : Sima Qian. Il a été castré parce qu'il avait dit la vérité. Mais je ne souhaite pas en arriver à cette extrémité !

Traduction de Marie Holzman.

Liao Yiwu est poète, écrivain, musicien et dissident chinois.

Un colis piégé destiné à Sarkozy désamorcé à Athènes

01/11/2010 Le Figaro

La police grecque a désamorcé une bombe dissimulée dans un paquet destiné à Nicolas Sarkozy. La piste des groupuscules d'extrême-gauche est privilégiée.

Un des colis piégés découverts lundi par la police à Athènes aux mains de deux présumés extrémistes anarchistes grecs était adressé à Nicolas Sarkozy. Le paquet a été découvert au côté d'un autre colis, destiné à l'ambassade de Belgique à Athènes, lors d'une opération policière déclenchée dans le quartier central de Pangrati.

Les policiers étaient sur le pied de guerre après l'explosion en fin de matinée d'un premier colis, déposé dans une société de messagerie express et destiné à l'ambassade du Mexique à Athènes. Une employée souffre de brûlures superficielles. Un autre colis a en outre été neutralisé par la police dans une autre agence proche, adressé lui à l'ambassade néerlandaise.

«L'un des engins explosifs transportés par les suspects était adressé au président de la République française, Nicolas Sarkozy», a confirmé un porte-parole de la police, qui a relativisé la gravité de la tentative. «L'affaire apparaît de fait assez ridicule : dans le cas de M. Sarkozy il est évident que ce paquet n'aurait jamais pu atteindre son destinataire», a-t-il commenté.

Aux Pays-Bas, le ministère des Affaires étrangères a confirmé qu'un paquet intercepté dans une entreprise de courrier était destiné à son ambassade à Athènes. En juin, un proche collaborateur du ministre grec de la Police avait été tué dans l'explosion d'un colis piégé au ministère. Contactée, la présidence française a indiqué ne faire «aucun commentaire» sur cette information.

La piste des anarchistes

Les enquêteurs pensent que ces tentatives pas le fait du réseau d'Al-Qaïda, soupçonné d'avoir envoyé vendredi des charges explosives à destination des Etats-Unis. «La police croit qu'il n'existe pas de liens avec Al-Qaïda. Notre enquête continue», a ajouté le porte-parole de la police. Les suspects arrêtés semblent appartenir à des groupuscules d'extrême gauche. Agés de 22 et 24 ans, ils portaient des gilets pare-balles et étaient munis d'armes à feu. L'un d'entre eux serait membre des «Cellules du complot du feu», un groupuscule gauchiste grec, selon la police.

Depuis la fin du mouvement de contestation qui avait enflammé la jeunesse grecque en décembre 2008, des actions plus ou moins violentes se sont poursuivies et ont épisodiquement fait la Une de l'actualité en Grèce. La plupart semblent le fait de l'extrême gauche, anticapitaliste ou anarcho-autonome. Parmi la quinzaine de groupuscules ayant revendiqué ces actions, on trouve «Secte révolutionnaire», la «Conspiration des noyaux de feu», ou encore la «Fraction des milices», autant d'appellations jusque là inconnues des services de police.

Le 24 juin, un paquet-cadeau contenant une bombe est arrivée jusque dans l'antichambre du ministre de l'intérieur, Michalis Chryssohoïdis, qui était sa véritable cible. C'est son chef de la sécurité, Georges Vassilakis, qui avait été tué sur le coup.

L'affaire des colis piégés intervient alors que la justice vient d'ouvrir des poursuites contre trois nouveaux membres présumés d'une autre organisation extrémiste locale, Lutte Révolutionnaire (EA), dont six militants avaient été arrêtés en avril. Figurant sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis, EA a revendiqué depuis 2003 quinze attentats, dont un mitraillage dans lequel un policier a été grièvement blessé en janvier 2009.

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